Par Aissatou Diop, Curatrice ( Sénégal )
La biennale, initialement prévue du 16 mai au 16 juin à Dakar, au Sénégal, a été reportée du 7 novembre au 7 décembre. Cette nouvelle a semé le trouble parmi les artistes, les commissaires d’exposition, les galeristes et le public.
Si le souci de qualité affiché par le Ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Culture est louable, la communication tardive du report laisse à désirer.
Annoncé tardivement, le changement de dates a pris de court de nombreux acteurs qui avaient déjà engagé des dépenses et programmé leur participation. Ce manque de transparence suscite des interrogations et nourrit des inquiétudes légitimes.
Malgré ces incertitudes, le report de la Biennale pourrait s’avérer bénéfique. Le choix du mois de novembre, période favorable au tourisme culturel au Sénégal, pourrait attirer un public plus large et contribuer à l’essor de l’événement.
Cependant, des questions subsistent quant aux raisons précises du report. Des contraintes financières, logistiques ou organisationnelles ont-elles joué un rôle ? Si tel est le cas, la transparence est de rigueur pour lever les doutes et rassurer les parties prenantes.
Le report de la Biennale aura des conséquences non négligeables sur les acteurs du monde de l’art. Artistes, commissaires, galeristes et autres professionnels avaient déjà investi du temps, des efforts et des ressources pour participer à l’événement initial. Des mesures d’accompagnement sont indispensables pour soutenir ces acteurs et minimiser les perturbations causées par le changement de dates.
Au-delà des questions logistiques, le report de Dak’Art offre l’opportunité de renforcer la mobilisation et l’engagement du public. Des campagnes de sensibilisation, des programmes éducatifs et des événements culturels en amont de la Biennale et le maintient du OFF dont le financement ne dépend pas de la Biennale, peut favoriser une participation plus large.
Le succès de Dak’Art 2024 dépendra d’un dialogue ouvert et transparent entre le Ministère et les différentes parties prenantes. Communiquer clairement sur les raisons du report, prendre en compte les préoccupations de tous et mettre en place des mesures d’accompagnement adéquates seront importantes pour garantir le succès de l’événement.
Ce report peut se transformer en une occasion de repenser Dak’Art et d’en faire un événement encore plus inclusif et indépendant des circuits habituels. Le Ministère et l’ensemble des acteurs du monde de l’art peuvent transformer ce report en une expérience positive et pour tous, c’est le moment de tenir des assises et revoir ce secrétariat qui n’a plus sa raison d’exister. Pensons à donner cette Biennale à des mécènes et directeurs artistiques capables d’organiser la Biennale et de créer des liens entre elle et les autres du monde pour le bien de notre diplomatie culturelle.
Si le report de Dak’Art 2024 est une déception pour beaucoup, il n’est pas synonyme de renoncement à la culture et à l’art africain ! Pour celles et ceux qui ont déjà réservé leur voyage au Sénégal, pas de panique ! Du 13 au 19 mai 2024, venez nous rejoindre au Festival International de Jazz de Saint-Louis.